mercredi 16 février 2011

Deux années de prépa, deux années coupées du monde?

Le débat sur le C2i2mi que nous avons entamé pour permettre aux étudiants de s'exprimer sur la validité d'un certificat qu'ils auront certainement à obtenir n'a suscité que très peu de réactions. Cela fait une semaine que le sujet est ouvert et il n'y a eu que 7 personnes qui sont intervenues sur le Google Moderator C2i2mi.

La communication ne s'est peut-être pas bien déroulée. Nous avons pourtant envoyé un mail à une cinquantaine de BDE d'écoles, nous avons aussi posté un message sur le forum prépas.org (Débat National sur le C2i2mi) car ce certificat concerne surtout les futurs étudiants ingénieurs.

Le support de débat est peut-être trop confus. La structure était voulue pour être calquée sur les propositions de la commission chargée de l'élaboration du certificat et permettre ainsi les critiques constructives sur le travail réalisé ainsi que des contre propositions. Une partie "Suggestions d'outils" permettait entre autre de faire remonter les outils du web 2.0 qui auraient le plus intéressés un futur ingénieur. Ou peut-être est-ce la nécessité de devoir se connecter avec un compte google qui en a rebuté plus d'un.

La dernière raison que nous envisageons est celle avancée par Jean-Marie Gilliot (Professeur à Télécom Bretagne et rédacteur du blog Techniques innovantes pour l'enseignement supérieur que nous avons placé en lien utile) dans son post "Des étudiants s’invitent au débat sur l’évolution des formations" :
Simplement, je me demande si cela est représentatif des élèves ingénieurs. Je note en effet que leur article « Time for Change » semble affirmer que la demande est forte d’utiliser plus fortement les outils du web 2.0. J’aimerai que cela soit vrai et généralisé, mais cela ne correspond malheureusement pas à mon expérience, mes élèves ayant toujours été étonné quand j’ai proposé d’utiliser un wiki, d’aller chercher de l’information par eux-mêmes. Leur demande est jusqu’à présent plutôt d’avoir un polycopié bien fait et des annales pour réviser.
Les étudiants qui arrivent en école d'ingénieur n'auraient donc pas forcément la fibre de découvreurs à la pointe de la technologie? Les nouvelles possibilités offertes par les avancées de ces dernières années les laisseraient donc froids?

La prépa, dans la charge de travail immense qu'elle impose, a souvent pour effet de focaliser les ressources et les forces vives du préparationnaire sur la tâche unique que représente le concours. Rare sont ceux qui trouvent le temps et l'envie d'investir le peu de temps libre qu'il leur reste sur de la veille technologique ou du bidouillage informatique pour prendre le cadre du C2i2mi. Mais on pourrait aussi parler du vide au niveau de la connaissance du monde et des actualités en général. L'expression "coupé du monde" n'est pas usurpée. On peut comprendre que twitter et les applications sur smart phone ne soient pas la première préoccupation pendant ces deux années d'apprentissage intensif. Mais ce retard accumulé risque vite de devenir irrattrapable voire de se muer en dégoût pour l'informatique.


Ce phénomène est extrêmement patent dans les associations d'élèves où les capacités techniques sont nécessaires pour créer un site, réaliser une affiche, communiquer sur un événement. On s'aperçoit très souvent qu'environ 5% d'une promotion s'y connaît un peu en graphisme et en technologie web. Cette petite frange de la population concentre donc ces activités, mettant souvent en pratique des techniques vieillottes et dépassée qui datent de leur période geek du lycée et ont donc 2 ans de retard (on sait comme tout peut changer en 2 ans). Les 95% restants sont ravis ne pas "mettre les mains dans le cambouis" et sont parfaitement prêt à payer ce service rendu par les apprentis sorciers aux pouvoirs presque magiques que l'on s'arrache.


Selon nous, ce savoir numérique devrait être partagé par tous et il est nécessaire que les étudiants s'approprient le C2i2mi pour en faire un enseignement qui leur correspond.

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    bien vu le fait que la prépa coupe du reste du monde.

    Par contre, je ne crois pas qu'il faille assimiler C2i, C2iMi et bidouille. Il s'agit plutôt de valider de manière professionnelle le minimum pour une pratique d'étudiant, puis professionnelle des outils TIC. Pas grand chose à voir avec les geeks.

    Sinon, sur la place relative entre informatique, cambouis et posture dans les écoles d'ingénieurs, mon collègue Gwendal Simon a lancé un article "polémique" : Computer science and engineers: the (bad) French exception qui confirme la fin de votre article, mais qui est bien loin du C2i.

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  2. Le terme de bidouille avait pour objectif de décrire l'état dans lequel les étudiants sont a priori intéressés mais pas cadrés. A mon avis le C2i2mi ne pourra s'ancrer dans la philosophie des ingénieurs que s'ils ont eu un intérêt quelconque pour les problématiques qu'il traite et qu'ils ont été exposé plus ou moins volontairement aux enjeux des nouvelles technologies.

    Exemple concret : le C2i2mi propose le point suivant
    "OFFICIEL : 3. Rendre exploitable l’information dans un contexte d’entreprise : la gérer, l’organiser, la diffuser et la conserver." dans la rubrique D5 Maîtrise de l'information

    Un élève qui aura participé une plateforme collaborative pour sa prépa, voire qui aura installé un forum pour ses camarades, sera bien plus à même de comprendre l'intérêt d'une telle formation et sera force de proposition d'exemples concrets et d'interrogations. Il comprendra aussi mieux pourquoi il se retrouve à devoir acquérir une connaissance plus structurée dans ce domaine.

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